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19.2.14

COMINES - Avec (surtout) l’arrivée de Mouscron et de Comines, c’est en Hainaut occidental que la frontière linguistique a été le plus modifiée.

S’il y en a un, en Hainaut occidental, qui connaît bien l’histoire de notre frontière linguistique, c’est lui!
«Je suis un homme de la frontière linguistique» dit d’ailleurs André Bertouille.Sans elle, je n’aurais jamais mené la carrière qui fut la mienne.»
Comme Ellezellois d’origine, puis comme secrétaire communal de Comines, deux localités particulièrement concernées, il vécut la problématique de l’intérieur (lire le «Vite dit»). C’est précisément en raison de son implication que le ministre libéral René Lefèbvre (Lamain) proposa sa candidature pour la Commission permanente de contrôle linguistique.
« À partir de 1960, le branle-bas de combat partout »
«Installée en 1964, celle-ci était chargée de veiller à l’application de la loi du 8 novembre 1962, se souvient André Bertouille. La commission existe toujours mais on n’en parle plus car les choses sont pacifiées. Nous étions cinq Wallons, cinq Flamands – dont Herman De Croo – et un germanophone. On se réunissait toutes les semaines, un jeudi entier, en toute discrétion. Un vrai petit parlement! Il y avait parfois des tensions mais, dans l’ensemble, on s’entendait bien. On est devenu des amis. On avait en commun le sens de la rigueur. Souvent flamandes, les plaintes étaient généralement rejetées.»
André Bertouille a dû quitter la commission en 1974 quand il est devenu sénateur.
Si le climat à l’intérieur de la Commission de contrôle linguistique était plutôt feutré, il n’en fut pas de même dans la période qui précéda la création de la frontière linguistique.
«À partir de 1960, ce fut la grosse bagarre, le branle-bas de combat partout, se souvient André Bertouille. Cette frontière, ce sont des Flamands qui l’exigeaient car ils ne voulaient plus de taches wallonnes sur la peau flamande. Partisans d’une Belgique unie, les libéraux refusaient l’établissement de cette frontière. Quant aux Mouscronnois, bien que francophones en grande majorité, ils ne voulaient pas quitter la Flandre occidentale pour le Hainaut: députés de l’arrondissement de Courtrai, le PSC Robert Devos et le PS Marcel Demets craignaient de perdre leur place à la Chambre. Puis on leur promit qu’ils pourraient rester parlementaires via l’arrondissement de Tournai-Ath-Mouscron…»
Qualifiée d’«oukase» par certains, car adoptée sans majorité spéciale, la loi fut finalement votée par une majorité de députés flamands et une minorité de députés francophones.
« Les Cominoisont été chouchoutés »
Cinquante ans plus tard, quel regard jette-t-on sur la loi de novembre 1962?
«Son entrée en vigueur a contribué à la pacification communautaire en ce sens qu’elle mettait fin à une forme d’instabilité, disent des politologues. Jusque-là, à chaque recensement décennal, le régime linguistique des communes proches de la frontière pouvait changer.»
«À Comines, les gens ne voudraient pas faire marche arrière, observe André Bertouille, où sa fille Chantal est échevine. Un des effets de la loi est qu’ils ont été chouchoutés. Avant 1960, c’était un bled, un petit patelin flamand. Il n’y avait pas de zoning, ni de maison de la culture. L’enseignement était cahin-caha. L’institut Saint-Henri a pris de l’ampleur. Puisqu’on créait de l’industrie, on a créé l’école technique Saint-Joseph, des sections professionnelles à l’athénée et des cours du soir…»
L’éloignement par rapport à Tournai, à Mons?
«Les gens étaient jugés à Ypres, mais en flamand. Maintenant, ils sont jugés en français. Et on leur a donné un juge de paix. C’est peut-être pour les fonctionnaires que cela a été le plus dur, eux qui étaient particulièrement bien soignés à Bruges, où tout se passait en français.»
François descy l'avenir

Les territoires modifiés
Voici des extraits de la loi du 8 novembre 1962, entrée en vigueur le 1er septembre 2013, suite à laquelle de nombreux territoires sont passés de l’autre côté de la frontière linguistique. Notre région fut largement concernée.
1. Provinces et arrondissements«Les communes de Comines, Houthem, Bas-Warneton, Warneton et Ploegsteert sont distraites de l’arrondissement d’Ypres et de la province de Flandre occidentale et rattachées au Hainaut. Les communes de Mouscron, Luingne, Herseaux et Dottignies sont distraites de l’arrondissement de Courtrai et de la Flandre occidentale et rattachées au Hainaut. Les communes susvisées forment un arrondissement administratif ayant Mouscron comme chef-lieu. Les communes de Orroir, Amougies et Russeignies (arrondissement d’Audenaerde) sont distraites de la Flandre orientale et rattachées à l’arrondissement de Tournai, dans le Hainaut. La commune d’Everbeek (arrondissement d’Ath) est distraite du Hainaut et rattachée à l’arrondissement d’Audenaerde, dans la province de Flandre orientale. Les communes de Biévène et Saint-Pierre-Capelle (arrondissement de Soignies) sont distraites du Hainaut et rattachées à l’arrondissement de Bruxelles, dans le Brabant.»
2. Communes«Les limites des communes mentionnées ci-après sont modifiées comme suit. Le hameau Clef d’Hollande est distrait de la commune de Neuve-Église et rattaché à la commune de Ploegsteert. Le hameau de Kruiseyck est distrait de la commune de Comines et rattaché à la commune de Wervicq. Le hameau de Risquons-tout est distrait de la commune de Rekkem et rattaché à Mouscron. Les hameaux de Breucq, de Cocambre et de La Haute sont distraits de la commune d’Ellezelles, dans la province de Hainaut, et rattachés à la commune de Renaix, dans la province de Flandre orientale. Le hameau de La Hutte est distrait de la commune de Flobecq, en Hainaut, et rattaché à la commune de Opbrakel, en Flandre orientale. Les hameaux de Akrenbos, Donkerstraete et Haie-de-Viane sont distraits de la commune de Deux-Acren dans le Hainaut et rattachés, le premier, à la commune de Biévène dans le Brabant, les deux autres à la commune de Viane dans la province de Flandre orientale. Les hameaux du Vert-Chemin et de Warresaix sont distraits de la commune de Biévène et rattachés à la commune de Bassilly.»


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