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30.10.14

Comines - Les Français viennent abandonner leur chien ou leur chat dans les refuges belges

À la SPA de Comines-Warneton, 6 à 7 animaux sur dix proviennent de la France toute proche. Des Français vont jusqu’à abandonner des molosses dans la rue ou dans la campagne belge en raison d’une législation plus sévère sur les chiens dits de catégorie (les american staff, pitbull, etc), lorsqu’ils n’ont plus les moyens de s’en occuper (voir l’encadré). Heureusement la plupart viennent directement déposer leur chien ou leur chat au refuge. Et pourquoi plus une association belge qu’une française, même s’ils doivent s’acquitter de frais d’abandon (10 à 15 euros) qui ne sont pas obligatoires en France ? « Souvent parce qu’ils estiment que les refuges sont mieux tenus chez nous », répond Jean-Marie Cappon, le responsable de la SPA de Comines-Warneton. « Ce n’est pas propre, cela sent en France, me dit-on souvent. Puis surtout les Français euthanasient plus rapidement, au bout de deux semaines ».
Président de l’association française Cause Animale Nord, Antony Blanchard confirme : « Les refuges français sont saturés. C’est même au bout de 11 jours qu’on euthanasie. Pire : les refuges français n’acceptent plus les chiens de 10, 11 ans et conseillent d’aller directement chez le vétérinaire pour les euthanasier. C’est bien plus expéditif en France qu’en Belgique ». Il estime que l’animal est bien mieux pris en considération en Belgique : «  en France, il est considéré comme un meuble sur le plan législatif, alors qu’il existe un ministre belge du bien-être animal. On autorise chez nous des combats de coq toutes les semaines alors que c’est interdit depuis longtemps en Belgique. Des associations comme Gaia ou Animaux en Péril sont très actives et parviennent à se faire entendre  ».

Bouche-à-oreille

Les Français préfèrent également venir en Belgique pour adopter. Les Belges franchissent aussi la frontière, mais « ils sont très minoritaires », concède Michèle Lamour, secrétaire de la SPA de Tourcoing : « c’est souvent le bouche-à-oreille qui les fait venir ou un coup de cœur pour un animal via notre site internet ». Le prix est sans doute le critère déterminant dans le succès belge. Adopter un chien vacciné et identifié à Tourcoing, c’est 150 euros (200 euros pour un chiot), tandis que c’est 100 euros à Comines-Warneton. la SPA Mouscron pratique un prix plus élevé pour les Français (135 euros contre 120), en raison du vaccin supplémentaire contre la rage, mais cela reste plus avantageux qu’en France.
« C’est plus cher en France, parce que nous n’avons pas de coup de pouce financier des municipalités ou de l’Etat alors que c’est le cas en Belgique », fait remarquer Antony Blanchard, de Cause Animale Nord. Il vaut mieux être un toutou abandonné en Belgique qu’en France.

Les molosses français abandonnés en Belgique

Il y a énormément de chiens français dits de catégorie (ou qualifiés de dangereux ou de molosses comme les pitbulls, les american staff, etc) dans les refuges belges, «  même si cela va un peu mieux ces derniers temps  », nuance Jean-Pierre Cappon, responsable de la SPA de Comines-Warneton. La raison ? Une loi française de 2008 qui oblige les propriétaires de ces animaux à être titulaire « d’un permis de détention » délivré par la mairie. Pour l’obtenir, les maîtres sont obligés de passer par deux étapes qui ont un coût : une attestation d’aptitude dans un chenil agréé, qui consiste en une journée d’information sur les dangers que peut représenter une mauvaise éducation du chien (entre 80 et 150 €) et une évaluation comportementale par un vétérinaire agréé (entre 150 et 200 €). Il faut y ajouter des justificatifs administratifs qui peuvent faire grimper les dépenses jusqu’à 350 € pour des chiens dont la valeur oscille déjà entre 600 et 1 200 €.
Plutôt que de payer, les propriétaires français préfèrent les abandonner ou les déposer dans un refuge, où les frais d’abandon sont nettement moins élevés que la mise en conformité. «  Pire : ils les abandonnent parfois carrément dans la nature avec le risque de causer un accident  », fait remarquer le responsable du refuge de Comines-Warneton. «  Et c’est idiot, parce que souvent les animaux sont pucés et on peut donc retrouver facilement les propriétaires. Nous faisons remonter des dossiers, mais cela ne bouge pas beaucoup du côté français  ».
«  En France, un chien de catégorie qui a été abandonné sans son LOF (Livre des Origines Françaises) est directement euthanasié  », précise Antony Blanchard, de Cause Animale Nord. Une raison supplémentaire de l’abandonner en Belgique.

La réglementation est plus stricte en France

Au refuge de Tourcoing, il faut débourser : 150 euros pour adopter un chien pucé et vacciné (les femelles sont stérilisées) ; 200 euros pour un chiot ; 90 euros pour un chat vacciné et stérilisé.
Le refuge de Tourcoing fait une enquête post-adoption. «  On passe un coup de fil deux semaines après l’adoption pour savoir si tout se passe bien  », explique Michèle Lamour, secrétaire de la SPA. «  Puis nous nous rendons directement sur place pour vérifier, même si c’est en Belgique  ».
Le refuge de Tourcoing demande des frais de participation financière en cas d’abandon, même si celui qui abandonne n’est pas obligé de le faire. «  La participation n’est pas obligatoire, mais on fait comprendre que c’est la moindre des choses  », ajoute Michèle Lamour. La réglementation sur les chiens dits de catégorie dangereuse est plus stricte en France, où les propriétaires doivent avoir un permis de détention qui engendre des frais.
Au refuge de Comines-Warneton, il faut débourser : 100 euros pour un chien de race (120 euros à Mouscron, qui ajoute un supplément de 15 euros pour le vaccin contre la rage aux adoptants français) ; 80 euros pour un chien croisé ; 80 euros pour un chat (110 euros pour une chatte stérilisée à Mouscron et 90 euros pour un chat castré).
Le refuge de Comines-Warneton fait une pré-enquête avant l’adoption d’un chien. «  On va vérifier, par exemple, si le jardin est bien clôturé pour un chien de catégorie  », explique Jean-Marie Cappon, le responsable.
En cas d’abandon, la plupart des refuges belges demandent des frais de participation  : 10 euros à Comines-Warneton et 30 euros à Mouscron. La réglementation sur les chiens dangereux ou de catégorie, style pitbull, dogue argentin ou american staff, dépend des communes, qui peuvent prendre des arrêtés pour les interdire ou imposer les muselières.
DANIEL FOUCART NE FR



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