À
la SPA de Comines-Warneton, 6 à 7 animaux sur dix proviennent de la
France toute proche. Des Français vont jusqu’à abandonner des
molosses dans la rue ou dans la campagne belge en raison d’une
législation plus sévère sur les chiens dits de catégorie (les
american staff, pitbull, etc), lorsqu’ils n’ont plus les moyens
de s’en occuper (voir l’encadré). Heureusement la plupart
viennent directement déposer leur chien ou leur chat au refuge. Et
pourquoi plus une association belge qu’une française, même s’ils
doivent s’acquitter de frais d’abandon (10 à 15 euros) qui
ne sont pas obligatoires en France ? « Souvent
parce qu’ils estiment que les refuges sont mieux tenus chez
nous », répond
Jean-Marie Cappon, le responsable de la SPA de Comines-Warneton. « Ce
n’est pas propre, cela sent en France, me dit-on souvent. Puis
surtout les Français euthanasient plus rapidement, au bout de deux
semaines ».
Président
de l’association française Cause Animale Nord, Antony Blanchard
confirme : « Les refuges
français sont saturés. C’est même au bout de 11 jours qu’on
euthanasie. Pire : les refuges français n’acceptent plus les
chiens de 10, 11 ans et conseillent d’aller directement chez le
vétérinaire pour les euthanasier. C’est bien plus expéditif en
France qu’en Belgique ». Il estime que
l’animal est bien mieux pris en considération en Belgique :
« en France, il est considéré
comme un meuble sur le plan législatif, alors qu’il existe un
ministre belge du bien-être animal. On autorise chez nous des
combats de coq toutes les semaines alors que c’est interdit depuis
longtemps en Belgique. Des associations comme Gaia ou Animaux en
Péril sont très actives et parviennent à se faire entendre ».
Bouche-à-oreille
Les
Français préfèrent également venir en Belgique pour adopter. Les
Belges franchissent aussi la frontière, mais « ils
sont très minoritaires », concède Michèle
Lamour, secrétaire de la SPA de Tourcoing : « c’est
souvent le bouche-à-oreille qui les fait venir ou un coup de cœur
pour un animal via notre site internet ». Le prix
est sans doute le critère déterminant dans le succès belge.
Adopter un chien vacciné et identifié à Tourcoing, c’est
150 euros (200 euros pour un chiot), tandis que c’est 100
euros à Comines-Warneton. la SPA Mouscron pratique un prix plus
élevé pour les Français (135 euros contre 120), en raison du
vaccin supplémentaire contre la rage, mais cela reste plus
avantageux qu’en France.
« C’est
plus cher en France, parce que nous n’avons pas de coup de pouce
financier des municipalités ou de l’Etat alors que c’est le cas
en Belgique », fait remarquer Antony Blanchard,
de Cause Animale Nord. Il vaut mieux être un toutou abandonné en
Belgique qu’en France.
Les
molosses français abandonnés en Belgique
Il
y a énormément de chiens français dits de catégorie (ou qualifiés
de dangereux ou de molosses comme les pitbulls, les american staff,
etc) dans les refuges belges, « même si cela va un
peu mieux ces derniers temps », nuance Jean-Pierre
Cappon, responsable de la SPA de Comines-Warneton. La raison ?
Une loi française de 2008 qui oblige les propriétaires de ces
animaux à être titulaire « d’un permis de détention »
délivré par la mairie. Pour l’obtenir, les maîtres sont obligés
de passer par deux étapes qui ont un coût : une attestation
d’aptitude dans un chenil agréé, qui consiste en une journée
d’information sur les dangers que peut représenter une mauvaise
éducation du chien (entre 80 et 150 €) et une évaluation
comportementale par un vétérinaire agréé (entre 150 et 200 €).
Il faut y ajouter des justificatifs administratifs qui peuvent faire
grimper les dépenses jusqu’à 350 € pour des chiens dont la
valeur oscille déjà entre 600 et 1 200 €.
Plutôt
que de payer, les propriétaires français préfèrent les abandonner
ou les déposer dans un refuge, où les frais d’abandon sont
nettement moins élevés que la mise en conformité. « Pire :
ils les abandonnent parfois carrément dans la nature avec le risque
de causer un accident », fait remarquer le
responsable du refuge de Comines-Warneton. « Et c’est
idiot, parce que souvent les animaux sont pucés et on peut donc
retrouver facilement les propriétaires. Nous faisons remonter des
dossiers, mais cela ne bouge pas beaucoup du côté français ».
« En
France, un chien de catégorie qui a été abandonné sans son LOF
(Livre des Origines Françaises) est directement euthanasié »,
précise Antony Blanchard, de Cause Animale Nord. Une raison
supplémentaire de l’abandonner en Belgique.
La
réglementation est plus stricte en France
Au
refuge de Tourcoing, il faut débourser : 150 euros
pour adopter un chien pucé et vacciné (les femelles sont
stérilisées) ; 200 euros pour un chiot ; 90 euros
pour un chat vacciné et stérilisé.
Le
refuge de Tourcoing fait une enquête post-adoption. « On
passe un coup de fil deux semaines après l’adoption pour savoir si
tout se passe bien », explique Michèle Lamour,
secrétaire de la SPA. « Puis nous nous rendons
directement sur place pour vérifier, même si c’est en
Belgique ».
Le
refuge de Tourcoing demande des frais de participation financière en
cas d’abandon, même si celui qui abandonne n’est pas obligé de
le faire. « La participation n’est pas obligatoire,
mais on fait comprendre que c’est la moindre des choses »,
ajoute Michèle Lamour. La réglementation sur les chiens dits de
catégorie dangereuse est plus stricte en France, où les
propriétaires doivent avoir un permis de détention qui engendre des
frais.
Au
refuge de Comines-Warneton, il faut débourser : 100 euros
pour un chien de race (120 euros à Mouscron, qui ajoute un
supplément de 15 euros pour le vaccin contre la rage aux
adoptants français) ; 80 euros pour un chien croisé ;
80 euros pour un chat (110 euros pour une chatte stérilisée
à Mouscron et 90 euros pour un chat castré).
Le
refuge de Comines-Warneton fait une pré-enquête avant l’adoption
d’un chien. « On va vérifier, par exemple, si le
jardin est bien clôturé pour un chien de catégorie »,
explique Jean-Marie Cappon, le responsable.
En
cas d’abandon, la plupart des refuges belges demandent des frais de
participation : 10 euros à Comines-Warneton et 30 euros à
Mouscron. La réglementation sur les chiens dangereux ou de
catégorie, style pitbull, dogue argentin ou american staff, dépend
des communes, qui peuvent prendre des arrêtés pour les interdire ou
imposer les muselières.
DANIEL
FOUCART NE FR
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