Le but de cette lettre est de démonter
l’image de pollueur qui colle à la peau des agriculteurs (y
compris dans notre commune) et qui n’est absolument pas méritée.
Mais ne vous y trompez pas ! Ces lignes ne sont pas la riposte
d’un agriculteur. Pas même celles d’un travailleur agricole. Ce
sont celles de personnes qui évoluent et travaillent en dehors du
monde agricole, mais qui le connaissent et y restent très
profondément attachées.
Beaucoup s’interrogent sur les
pratiques agricoles actuelles, et on entend certains se demander
comment le pays faisait pour se nourrir auparavant. Mais ce que la
plupart ont tendance à oublier est qu’en 100 ans, la population
belge a quasi doublé. Il n’en est pas de même pour les surfaces
de terres cultivables qui ont-elles clairement diminué. Dans un même
temps, la part de l’alimentation dans le budget des ménages se
situe à seulement 13%, soit 2 fois moins qu’il y a 50 ans. Et
donc, alors que notre système agricole a réussi le grand défi de
nourrir cette population tout en proposant des produits abordables et
en garantissant la sécurité alimentaire, il est plus que jamais
critiqué.
Certaines dérives se sont produites me
direz-vous ? Oui, le secteur agricole ne fait pas exception à
la règle. Mais rares sont les secteurs qui s’adaptent aussi vite
pour corriger ces dernières. Par exemple, il est strictement
interdit de pulvériser ou d’épandre des engrais à proximité des
points d’eau. Les agriculteurs sont forcés de maintenir surfaces
d’intérêt écologique chaque année. Une vache traitée aux
antibiotiques ne peut être abattue, afin d’éviter tout résidu
dans la viande. Dans le même but, des échantillons de lait sont
prélevés dans les fermes à chaque passage de la laiterie. Et bien
sûr, les hormones font définitivement partie du passé (chez nous
du moins), … Aviez-vous connaissance de cela ? La plupart des
gens l’ignorent en tout cas. Et pourtant cette liste de mesures
(très loin d’être exhaustive) s’allonge chaque année.
Ces derniers temps, on entend aussi
beaucoup de critiques quant à l’influence du secteur agricole (et
particulièrement l’élevage) sur les émissions de GES (gaz à
effet de serre). Si on ne peut nier un certain impact, nous sommes
néanmoins forcés de constater que la plupart des études publiées
sont assez peu objectives. Par exemple, dernièrement, une
association de défense de l’environnement pointait du doigt dans
ses calculs la déforestation (et donc la perte d’un puit de
carbone) qui serait causé par l’élevage belge … au Brésil.
Dans un même temps, elle s’est refusée à considérer la
contribution des prairies belges comme puit de carbone (la capacité
d’absorption sur une année d’un hectare de prairie en Belgique
correspond aux GES émis par une voiture qui parcourrait 118 000
km/an). Drôle de démarche. Pourtant, cette logique est appliquée à
la quasi-totalité des enquêtes concernant le secteur.
Au-delà de cela, on peut tout de même
admettre que notre système agricole ne paraît plus si néfaste
lorsqu’on le compare à ce qui se fait au-delà de nos frontières.
Il ne s’agit pas, bien sûr, d’utiliser ces pratiques de
l’étranger pour justifier certains excès locaux, mais bien de
faire comprendre que les produits issus de ces contrées lointaines,
bien moins regardantes des règles sanitaires et environnementales,
se font déjà une place dans notre caddie et notre alimentation
(CETA, accords du Mercosur, …). Toutes les mesures énumérées
plus haut ne sont bien sûr pas d’application là-bas !
Le consommateur est au pied du mur. Car
c’est lui, par ses attitudes de consommation, qui dicte l’offre
et les pratiques agricoles. Au-delà du consommer moins mais mieux,
ne faudrait-il pas soutenir des exploitations à taille humaine, même
imparfaites, plutôt que de les étrangler en exigeant toujours plus
vert, toujours plus bio, tout de suite ! Ces dernières, plus
fragiles, sont les plus impactées par ces mesures très couteuses.
Elles sont donc les premières à craquer … et à céder la placer
à de plus grosses structures … ici ou ailleurs. L’agriculture
aussi peut être délocalisée …
La vague verte est en marche … mais
il faut lui laisser le temps, sinon elle échouera !
Pour la FJA de Comines-Warneton
Anthony Debailleul
Anthony Debailleul
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