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7.6.11

Homélie et vidéo de l’ordination diaconale (diaconat permanent) de Jacques Delva



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Cher Jacques,


Dans un entretien récent avec les médias, tu évoques brièvement ton itinéraire. Marié avec


Françoise, tu formes un couple heureux. Vous avez cinq enfants. Cela fait déjà des années que


quelques personnes te suggèrent de devenir diacre. En même temps, tu as travaillé pendant


dix-sept années dans une maison d’accueil pour femmes en difficulté, en collaboration avec


des religieuses. Ton service a été reconnu par l’évêque. Tu as été appelé pour devenir


animateur en pastorale. Très proche de ceux qui portent la mission pastorale de l’Eglise dans


le doyenné de Comines, tu es depuis trois ans la personne de référence pour les maisons de


repos. Tu es également responsable de l’équipe pastorale de l’accompagnement des familles


en deuil et de l’équipe pastorale du sacrement du baptême. Tu prends ta part dans l’animation


pastorale du doyenné, en étant membre de l’équipe d’animation pastorale.


Tu as partagé la vie des pauvres, fragilisés par les épreuves de la vie. Dans la prière, la prière


silencieuse surtout, tu as discerné l’appel du Seigneur à devenir diacre permanent. Au terme


d’un cheminement avec ton épouse Françoise, tu es appelé aujourd’hui par l’Eglise pour


exercer le ministère diaconal, en recevant le sacrement de l’ordre. Cette démarche traverse les


épreuves de la vie, les épreuves de santé. Comme tout cheminement à la suite du Christ, tu


trouves avec ton épouse la Pâque du Seigneur jusque dans la communion à Celui qui fait de sa


vie une offrande au Père, au service de toute l’humanité. Nous ne doutons pas que c’est aussi


dans la prière que ce cheminement trouve sens.



Frères et Soeurs,


Jacques est ordonné diacre durant les jours qui séparent l’Ascension du Seigneur de la


Pentecôte. Durant ces jours, la liturgie nous invite à prier pour accueillir le don de l’Esprit


Saint. Le passage des Actes des Apôtres nous dit : Arrivés dans la ville, (les Apôtres)


montèrent à l’étage de la maison ; c’est là qu’ils se tenaient tous (…). D’un seul coeur, ils


participaient fidèlement à la prière, avec quelques femmes dont Marie, mère de Jésus, et avec


ses frères. Avec les apôtres, avec Marie, avec tous ceux qui vivent de l’Evangile à Comines,


dans le diocèse, nous sommes en prière dans l’attente du don de l’Esprit. Tout à l’heure, lors


de la litanie des saints, nous serons en communion avec tous ceux qui nous précèdent dans la


foi, les premiers évangélisateurs de cette région, saint Amand et saint Chrysole, un


archevêque arménien venu de Rome avec saint Piat, saint Eubert et saint Quentin.


L’évangile de ce jour nous fait entrer dans la prière de Jésus, après le lavement des pieds.


Avant de passer de ce monde à son Père, Jésus parle avec ses disciples. Il leur tient un


discours d’adieu. L’évangile de Jean déploie ce discours comme une sorte d’annonce de la


condition des disciples du Crucifié – Ressuscité. Jésus est la vigne, ses disciples en sont les


sarments. Ils porteront du fruit dans la mesure où ils sont greffés sur la vigne. La mission des


disciples est dans le prolongement de la mission du Christ, l’Envoyé du Père. Le Ressuscité le


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redira le soir de Pâques : Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. Recevez


l’Esprit Saint. Jésus donne l’Esprit à ses disciples pour prolonger sa mission. Nous pensons à


la parole de Jean le Baptiste : J’ai vu l’Esprit, tel une colombe, descendre du ciel et demeurer


sur Jésus. Et je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau, c’est lui


qui m’a dit : Celui sur lequel tu verras l’Esprit descendre et demeurer sur lui, c’est lui qui


baptise dans l’Esprit Saint. Et moi, j’ai vu et j’atteste qu’il est, lui, le Fils de Dieu (Jn 1, 32-


34). Nous sommes greffés sur la vigne qui est le Christ, qui a reçu l’Esprit Saint, qui est le


Fils de Dieu. Nous recevons l’Esprit Saint du Fils de Dieu pour manifester sa mission en ce


monde.


Dans son discours d’adieu, Jésus annonce aussi à ses disciples qu’ils vont rencontrer


l’opposition. Leur témoignage sera aussi une épreuve, semblable à celle de Jésus qui a été


condamné par des personnes qui, en le condamnant, croyaient rendre un culte à Dieu. Jésus


dit : Je vous ai dit tout cela afin que vous ne succombiez pas à l’épreuve. On vous exclura des


synagogues. Bien plus, l’heure vient où celui qui vous fera périr aura le sentiment de


présenter un sacrifice à Dieu. Ils agiront ainsi pour n’avoir connu ni le Père ni moi. Mais je


vous ai dit cela afin que, leur heure venue, vous vous rappeliez que je vous l’avais dit (Jn 16,


1-4). Dans cette perspective, le don de l’Esprit Saint aux disciples est présenté par Jésus


comme quelqu’un qui va confondre tous ceux qui s’opposent au témoignage des disciples, et


aussi comme quelqu’un qui va mener les disciples à la vérité tout entière. En d’autres termes,


l’Esprit sera le Défenseur, l’avocat des disciples qui seront traduits devant les tribunaux.


Si les disciples vont rencontrer l’opposition à leur témoignage, ils recevront aussi la joie. Le


fait de revoir Jésus après sa mort, le fait de le contempler ressuscité dans la gloire entraîne une


grande joie, après le passage par la souffrance. C’est ainsi que vous êtes maintenant dans


l’affliction ; mais je vous verrai à nouveau, votre coeur alors se réjouira et cette joie nul ne


vous la ravira. Cette joie sera encore plus parfaite le jour où les disciples demanderont


quelque chose au Père au nom de Jésus.


C’est alors qu’intervient, toujours dans l’entretien de Jésus après le lavement des pieds, la


prière de Jésus, dont l’évangile de ce jour nous livre un passage. Jésus s’adresse au Père :


Père, l’heure est venue. Glorifie ton Fils, afin que le Fils te glorifie (…). Moi, je t’ai glorifié


sur la terre en accomplissant l’oeuvre que tu m’avais confiée (…). J’ai fait connaître ton nom


aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner. Ils étaient à toi, tu me les as


donnés, et ils ont gardé fidèlement ta parole. Maintenant, ils ont reconnu que tout ce que tu


m’as donné vient de toi, car je leur ai donné les paroles que tu m’avais données : ils les ont


reçues, ils ont vraiment reconnu que je suis venu d’auprès de toi, et ils ont cru que c’était toi


qui m’avais envoyé. Je prie pour eux ; ce n’est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux


que tu m’as donnés : ils sont à toi, et tout ce qui est à moi est à toi, comme tout ce qui est à toi


est à moi, et je trouve ma gloire en eux (Jn 17, 1-10). Jésus dit au Père la profondeur de sa


mission, sa communion avec le Père. Jésus dit aussi que sa mission est accomplie : le Père a


conduit les disciples auprès de Jésus ; les disciples croient que Jésus est l’Envoyé du Père ; les


disciples sont donnés par le Père à Jésus. Jésus prie pour ceux que le Père lui a donnés. La


grande prière d’intercession de Jésus concerne tous les disciples que le Père a envoyés vers


Jésus. Nous en sommes ; dans le déploiement du dessein de Dieu, toute l’humanité est


envoyée vers Jésus. Jésus est réellement celui qui, du haut de la Croix, attire à lui tous les


hommes que le Père envoie vers lui.


La prière de Jésus, après le lavement des pieds, donne à notre témoignage encore plus de


force, de grandeur, de dignité.



3


L’apôtre Pierre l’a bien compris lorsqu’il écrit sa lettre, que nous avons eue comme deuxième


lecture de cette liturgie : Puisque vous communiez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous,


afin d’être dans la joie et l’allégresse quand sa gloire se révélera. Si l’on vous insulte à cause


du nom du Christ, heureux êtes-vous, puisque l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu, repose sur


vous. Si l’on fait souffrir l’un de vous, que ce ne soit pas comme meurtrier, voleur, malfaiteur,


ou comme dénonciateur. Mais si c’est comme chrétien, qu’il n’ait pas de honte, et qu’il rende


gloire à Dieu à cause de ce nom de chrétien (1 P 4, 13-16).


Il n’est pas étonnant que la liturgie, qui propose ces textes durant les jours qui précèdent le


don de l’Esprit Saint, nous invite à la prière avec les apôtres, nous fasse entrer dans la prière


de Jésus, nous fasse contempler l’appel qui est adressé à tous ceux qui, par le don de l’Esprit,


témoignent du Ressuscité, dans l’épreuve et dans la joie.


C’est dans le prolongement du témoignage que vient l’appel à exercer un ministère à la


manière des apôtres. Le ministère des apôtres est unique ; il est exercé par eux jusqu’à la fin


du monde. C’est la raison pour laquelle au moins une fois par mois, nous faisons mémoire


d’un ou de plusieurs apôtres. Jusqu’à la fin du monde, nous avons devant les yeux le


témoignage du Ressuscité par les apôtres, eux qui vivent avec Jésus depuis le commencement,


eux qui sont envoyés pour faire de toutes les nations des disciples, depuis la ville de Jérusalem


jusqu’aux extrémités de la terre.


Déjà dans le livre des Actes des Apôtres, la communauté des disciples à Jérusalem a demandé


de trouver une solution face aux demandes de quelques-uns, les Grecs, qui trouvaient que


leurs veuves étaient délaissées dans le service quotidien. Les apôtres ont convoqué


l’assemblée plénière. Ils ont demandé de trouver sept hommes de bonne réputation, remplis


d’Esprit et de sagesse, qui pourraient remplir la fonction de service des tables. Sur ces sept


hommes, les apôtres ont, après avoir prié, imposé les mains. Dès qu’un service nouveau est


discerné, les apôtres demandent de trouver des candidats. Ceux-ci partagent un aspect du


ministère des apôtres. C’est ainsi qu’à travers les siècles, nous avons des successeurs des


apôtres, les évêques ; les collaborateurs des évêques, les prêtres ; les diacres ; et bien d’autres


fonctions.


Jacques reçoit le ministère de diacre. Il ne devient pas successeur des apôtres, ni collaborateur


des évêques, ni assistant des prêtres. Il devient diacre.


Pour avoir une idée rapide mais vraie du ministère des diacres, nous pouvons faire confiance


au rituel d’ordination des diacres. Il suffit de parcourir les questions qui seront posées à


Jacques et de méditer la prière d’ordination.



1. Veux-tu être consacré à la diaconie de l’Eglise par l’imposition de mes mains et le don


du Saint-Esprit ?



Il s’agit d’une ordination, d’une consécration à la diaconie de l’Eglise. Jacques reçoit le


sacrement de l’ordre ; il est ordonné pour le service, la diaconie, un des axes de la mission de


l’Eglise.


Ordination suppose imposition des mains par un successeur des apôtres et accueil du don de


l’Esprit Saint.



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2. Veux-tu remplir ta fonction de diacre avec charité et simplicité de coeur, pour aider


l’évêque et ses prêtres, et faire progresser le peuple chrétien ?


La fonction de diacre n’est pas un pouvoir qu’on exerce suivant son humeur, mais un service


qu’on rend avec charité et simplicité de coeur. Il s’agit d’exercer cette fonction en articulation


avec les autres ministères ordonnés, le ministère de l’évêque et le ministère des prêtres. Il


s’agit de faire progresser le peuple chrétien, appelé à manifester pour tous le mystère du


Christ, créateur et sauveur de toute l’humanité.



3. Veux-tu, comme dit l’Apôtre Paul, garder le mystère de la foi dans une conscience


pure, et proclamer cette foi par la parole et par tes actes, fidèle à l’Evangile et à la


tradition de l’Eglise ?


Le ministère de diacre s’enracine dans le témoignage des apôtres, témoins du Christ mort et


ressuscité. Le déploiement du témoignage du Christ se manifeste dans la vie de toute l’Eglise,


elle qui porte l’Evangile à toutes les nations, en faisant de toutes les nations des disciples du


Christ. Porter l’Evangile, baptiser les nations, apprendre tout ce que Jésus a prescrit, cette


mission prend des facettes multiples au cours des siècles. En même, nous y découvrons un


souffle vivant qui transforme et élève toute l’humanité, avec ses facettes culturelles.



4. Veux-tu garder et développer un esprit de prière conforme à ton état et, dans la fidélité


à cet esprit, célébrer la liturgie des Heures en union avec le peuple de Dieu,


intercédant pour lui et pour le monde entier ?


Tout disciple de Jésus est un priant. Les lectures de la liturgie de ce jour en donnent un


témoignage. Le peuple de Dieu est toujours en prière, uni à la prière de Jésus, qui intercède


pour l’humanité tout entière. Une des formes de la prière du peuple de Dieu est la liturgie des


Heures qui, selon différentes heures de la journée, loue le Seigneur avec les anges, les saints ;


demande pardon ; intercède pour tous, en particulier ceux qui passent par l’épreuve. Les


chrétiens ordonnés évêques, prêtres et diacres célèbrent chaque jour la liturgie des Heures,


c’est-à-dire le matin et le soir, le milieu du jour, avant d’aller dormir et encore un moment


plus long qui rappelle la prière durant la nuit.



5. Veux-tu conformer toute ta vie à l’exemple du Christ dont tu prendras sur l’autel le


corps et le sang pour le distribuer aux fidèles ?


Jésus fait de sa vie une offrande au Père pour le salut de toute l’humanité. Nous contemplons


cette offrande lorsque Jésus est élevé sur la Croix. En mémoire de cette offrande, Jésus nous


demande de prendre et de manger son corps ; de prendre et de boire son sang. L’eucharistie


nous conduit immédiatement au coeur de l’offrande du Christ. Le diacre, dont la vie est de


servir, manifeste ce service lorsqu’il prend le corps et le sang du Christ pour le distribuer aux


fidèles au moment de la communion eucharistique.



6. Promets-tu de vivre en communion avec moi et mes successeurs, dans le respect et


l’obéissance ?


Celui qui reçoit un ministère ecclésial n’en est pas le propriétaire. Il le reçoit ; il rend des


comptes à celui qui a la mission de veiller à ce que la mission tout entière de l’Eglise soit bien


exercée en un lieu, pour une portion de l’Eglise qui lui est confiée.



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Outre les questions posées au candidat qui va recevoir le ministère de diacre, nous pouvons


chercher dans la prière d’ordination ce qui permet de discerner en quoi consiste le ministère


diaconal.


Dieu tout-puissant,


Tu construis l’Eglise, qui est le corps du Christ, par les dons infiniment variés de ta grâce.


Tu veux que chacun de ses membres ait une fonction particulière, et que tous contribuent, par


l’Esprit Saint, à l’unité de cet ensemble admirable.


Pour la faire grandir en un temple nouveau, tu as établi des ministres de trois ordres différents,


les évêques, les prêtres et les diacres (…).


Regarde maintenant, Dieu très bon, celui à qui nous imposons les mains aujourd’hui (…).


En imitant ainsi ton Fils Jésus, venu pour servir, et non pour être servi, qu’il obtienne de


partager sa gloire dans le ciel.


Nous rendons grâce au Seigneur pour les diacres qu’il envoie pour le diocèse de Tournai.


+ Guy Harpigny,


Evêque de Tournai

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