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Dans un entretien récent avec les médias, tu évoques brièvement ton itinéraire. Marié avec
Françoise, tu formes un couple heureux. Vous avez cinq enfants. Cela fait déjà des années que
quelques personnes te suggèrent de devenir diacre. En même temps, tu as travaillé pendant
dix-sept années dans une maison d’accueil pour femmes en difficulté, en collaboration avec
des religieuses. Ton service a été reconnu par l’évêque. Tu as été appelé pour devenir
animateur en pastorale. Très proche de ceux qui portent la mission pastorale de l’Eglise dans
le doyenné de Comines, tu es depuis trois ans la personne de référence pour les maisons de
repos. Tu es également responsable de l’équipe pastorale de l’accompagnement des familles
en deuil et de l’équipe pastorale du sacrement du baptême. Tu prends ta part dans l’animation
pastorale du doyenné, en étant membre de l’équipe d’animation pastorale.
Tu as partagé la vie des pauvres, fragilisés par les épreuves de la vie. Dans la prière, la prière
silencieuse surtout, tu as discerné l’appel du Seigneur à devenir diacre permanent. Au terme
d’un cheminement avec ton épouse Françoise, tu es appelé aujourd’hui par l’Eglise pour
exercer le ministère diaconal, en recevant le sacrement de l’ordre. Cette démarche traverse les
épreuves de la vie, les épreuves de santé. Comme tout cheminement à la suite du Christ, tu
trouves avec ton épouse la Pâque du Seigneur jusque dans la communion à Celui qui fait de sa
vie une offrande au Père, au service de toute l’humanité. Nous ne doutons pas que c’est aussi
dans la prière que ce cheminement trouve sens.
Frères et Soeurs,
Jacques est ordonné diacre durant les jours qui séparent l’Ascension du Seigneur de la
Pentecôte. Durant ces jours, la liturgie nous invite à prier pour accueillir le don de l’Esprit
Saint. Le passage des Actes des Apôtres nous dit : Arrivés dans la ville, (les Apôtres)
montèrent à l’étage de la maison ; c’est là qu’ils se tenaient tous (…). D’un seul coeur, ils
participaient fidèlement à la prière, avec quelques femmes dont Marie, mère de Jésus, et avec
ses frères. Avec les apôtres, avec Marie, avec tous ceux qui vivent de l’Evangile à Comines,
dans le diocèse, nous sommes en prière dans l’attente du don de l’Esprit. Tout à l’heure, lors
de la litanie des saints, nous serons en communion avec tous ceux qui nous précèdent dans la
foi, les premiers évangélisateurs de cette région, saint Amand et saint Chrysole, un
archevêque arménien venu de Rome avec saint Piat, saint Eubert et saint Quentin.
L’évangile de ce jour nous fait entrer dans la prière de Jésus, après le lavement des pieds.
Avant de passer de ce monde à son Père, Jésus parle avec ses disciples. Il leur tient un
discours d’adieu. L’évangile de Jean déploie ce discours comme une sorte d’annonce de la
condition des disciples du Crucifié – Ressuscité. Jésus est la vigne, ses disciples en sont les
sarments. Ils porteront du fruit dans la mesure où ils sont greffés sur la vigne. La mission des
disciples est dans le prolongement de la mission du Christ, l’Envoyé du Père. Le Ressuscité le
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redira le soir de Pâques : Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. Recevez
l’Esprit Saint. Jésus donne l’Esprit à ses disciples pour prolonger sa mission. Nous pensons à
la parole de Jean le Baptiste : J’ai vu l’Esprit, tel une colombe, descendre du ciel et demeurer
sur Jésus. Et je ne le connaissais pas, mais celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau, c’est lui
qui m’a dit : Celui sur lequel tu verras l’Esprit descendre et demeurer sur lui, c’est lui qui
baptise dans l’Esprit Saint. Et moi, j’ai vu et j’atteste qu’il est, lui, le Fils de Dieu (Jn 1, 32-
34). Nous sommes greffés sur la vigne qui est le Christ, qui a reçu l’Esprit Saint, qui est le
Fils de Dieu. Nous recevons l’Esprit Saint du Fils de Dieu pour manifester sa mission en ce
monde.
Dans son discours d’adieu, Jésus annonce aussi à ses disciples qu’ils vont rencontrer
l’opposition. Leur témoignage sera aussi une épreuve, semblable à celle de Jésus qui a été
condamné par des personnes qui, en le condamnant, croyaient rendre un culte à Dieu. Jésus
dit : Je vous ai dit tout cela afin que vous ne succombiez pas à l’épreuve. On vous exclura des
synagogues. Bien plus, l’heure vient où celui qui vous fera périr aura le sentiment de
présenter un sacrifice à Dieu. Ils agiront ainsi pour n’avoir connu ni le Père ni moi. Mais je
vous ai dit cela afin que, leur heure venue, vous vous rappeliez que je vous l’avais dit (Jn 16,
1-4). Dans cette perspective, le don de l’Esprit Saint aux disciples est présenté par Jésus
comme quelqu’un qui va confondre tous ceux qui s’opposent au témoignage des disciples, et
aussi comme quelqu’un qui va mener les disciples à la vérité tout entière. En d’autres termes,
l’Esprit sera le Défenseur, l’avocat des disciples qui seront traduits devant les tribunaux.
Si les disciples vont rencontrer l’opposition à leur témoignage, ils recevront aussi la joie. Le
fait de revoir Jésus après sa mort, le fait de le contempler ressuscité dans la gloire entraîne une
grande joie, après le passage par la souffrance. C’est ainsi que vous êtes maintenant dans
l’affliction ; mais je vous verrai à nouveau, votre coeur alors se réjouira et cette joie nul ne
vous la ravira. Cette joie sera encore plus parfaite le jour où les disciples demanderont
quelque chose au Père au nom de Jésus.
C’est alors qu’intervient, toujours dans l’entretien de Jésus après le lavement des pieds, la
prière de Jésus, dont l’évangile de ce jour nous livre un passage. Jésus s’adresse au Père :
Père, l’heure est venue. Glorifie ton Fils, afin que le Fils te glorifie (…). Moi, je t’ai glorifié
sur la terre en accomplissant l’oeuvre que tu m’avais confiée (…). J’ai fait connaître ton nom
aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner. Ils étaient à toi, tu me les as
donnés, et ils ont gardé fidèlement ta parole. Maintenant, ils ont reconnu que tout ce que tu
m’as donné vient de toi, car je leur ai donné les paroles que tu m’avais données : ils les ont
reçues, ils ont vraiment reconnu que je suis venu d’auprès de toi, et ils ont cru que c’était toi
qui m’avais envoyé. Je prie pour eux ; ce n’est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux
que tu m’as donnés : ils sont à toi, et tout ce qui est à moi est à toi, comme tout ce qui est à toi
est à moi, et je trouve ma gloire en eux (Jn 17, 1-10). Jésus dit au Père la profondeur de sa
mission, sa communion avec le Père. Jésus dit aussi que sa mission est accomplie : le Père a
conduit les disciples auprès de Jésus ; les disciples croient que Jésus est l’Envoyé du Père ; les
disciples sont donnés par le Père à Jésus. Jésus prie pour ceux que le Père lui a donnés. La
grande prière d’intercession de Jésus concerne tous les disciples que le Père a envoyés vers
Jésus. Nous en sommes ; dans le déploiement du dessein de Dieu, toute l’humanité est
envoyée vers Jésus. Jésus est réellement celui qui, du haut de la Croix, attire à lui tous les
hommes que le Père envoie vers lui.
La prière de Jésus, après le lavement des pieds, donne à notre témoignage encore plus de
force, de grandeur, de dignité.
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L’apôtre Pierre l’a bien compris lorsqu’il écrit sa lettre, que nous avons eue comme deuxième
lecture de cette liturgie : Puisque vous communiez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous,
afin d’être dans la joie et l’allégresse quand sa gloire se révélera. Si l’on vous insulte à cause
du nom du Christ, heureux êtes-vous, puisque l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu, repose sur
vous. Si l’on fait souffrir l’un de vous, que ce ne soit pas comme meurtrier, voleur, malfaiteur,
ou comme dénonciateur. Mais si c’est comme chrétien, qu’il n’ait pas de honte, et qu’il rende
gloire à Dieu à cause de ce nom de chrétien (1 P 4, 13-16).
Il n’est pas étonnant que la liturgie, qui propose ces textes durant les jours qui précèdent le
don de l’Esprit Saint, nous invite à la prière avec les apôtres, nous fasse entrer dans la prière
de Jésus, nous fasse contempler l’appel qui est adressé à tous ceux qui, par le don de l’Esprit,
témoignent du Ressuscité, dans l’épreuve et dans la joie.
C’est dans le prolongement du témoignage que vient l’appel à exercer un ministère à la
manière des apôtres. Le ministère des apôtres est unique ; il est exercé par eux jusqu’à la fin
du monde. C’est la raison pour laquelle au moins une fois par mois, nous faisons mémoire
d’un ou de plusieurs apôtres. Jusqu’à la fin du monde, nous avons devant les yeux le
témoignage du Ressuscité par les apôtres, eux qui vivent avec Jésus depuis le commencement,
eux qui sont envoyés pour faire de toutes les nations des disciples, depuis la ville de Jérusalem
jusqu’aux extrémités de la terre.
Déjà dans le livre des Actes des Apôtres, la communauté des disciples à Jérusalem a demandé
de trouver une solution face aux demandes de quelques-uns, les Grecs, qui trouvaient que
leurs veuves étaient délaissées dans le service quotidien. Les apôtres ont convoqué
l’assemblée plénière. Ils ont demandé de trouver sept hommes de bonne réputation, remplis
d’Esprit et de sagesse, qui pourraient remplir la fonction de service des tables. Sur ces sept
hommes, les apôtres ont, après avoir prié, imposé les mains. Dès qu’un service nouveau est
discerné, les apôtres demandent de trouver des candidats. Ceux-ci partagent un aspect du
ministère des apôtres. C’est ainsi qu’à travers les siècles, nous avons des successeurs des
apôtres, les évêques ; les collaborateurs des évêques, les prêtres ; les diacres ; et bien d’autres
fonctions.
Jacques reçoit le ministère de diacre. Il ne devient pas successeur des apôtres, ni collaborateur
des évêques, ni assistant des prêtres. Il devient diacre.
Pour avoir une idée rapide mais vraie du ministère des diacres, nous pouvons faire confiance
au rituel d’ordination des diacres. Il suffit de parcourir les questions qui seront posées à
Jacques et de méditer la prière d’ordination.
1. Veux-tu être consacré à la diaconie de l’Eglise par l’imposition de mes mains et le don
du Saint-Esprit ?
Il s’agit d’une ordination, d’une consécration à la diaconie de l’Eglise. Jacques reçoit le
sacrement de l’ordre ; il est ordonné pour le service, la diaconie, un des axes de la mission de
l’Eglise.
Ordination suppose imposition des mains par un successeur des apôtres et accueil du don de
l’Esprit Saint.
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2. Veux-tu remplir ta fonction de diacre avec charité et simplicité de coeur, pour aider
l’évêque et ses prêtres, et faire progresser le peuple chrétien ?
La fonction de diacre n’est pas un pouvoir qu’on exerce suivant son humeur, mais un service
qu’on rend avec charité et simplicité de coeur. Il s’agit d’exercer cette fonction en articulation
avec les autres ministères ordonnés, le ministère de l’évêque et le ministère des prêtres. Il
s’agit de faire progresser le peuple chrétien, appelé à manifester pour tous le mystère du
Christ, créateur et sauveur de toute l’humanité.
3. Veux-tu, comme dit l’Apôtre Paul, garder le mystère de la foi dans une conscience
pure, et proclamer cette foi par la parole et par tes actes, fidèle à l’Evangile et à la
tradition de l’Eglise ?
Le ministère de diacre s’enracine dans le témoignage des apôtres, témoins du Christ mort et
ressuscité. Le déploiement du témoignage du Christ se manifeste dans la vie de toute l’Eglise,
elle qui porte l’Evangile à toutes les nations, en faisant de toutes les nations des disciples du
Christ. Porter l’Evangile, baptiser les nations, apprendre tout ce que Jésus a prescrit, cette
mission prend des facettes multiples au cours des siècles. En même, nous y découvrons un
souffle vivant qui transforme et élève toute l’humanité, avec ses facettes culturelles.
4. Veux-tu garder et développer un esprit de prière conforme à ton état et, dans la fidélité
à cet esprit, célébrer la liturgie des Heures en union avec le peuple de Dieu,
intercédant pour lui et pour le monde entier ?
Tout disciple de Jésus est un priant. Les lectures de la liturgie de ce jour en donnent un
témoignage. Le peuple de Dieu est toujours en prière, uni à la prière de Jésus, qui intercède
pour l’humanité tout entière. Une des formes de la prière du peuple de Dieu est la liturgie des
Heures qui, selon différentes heures de la journée, loue le Seigneur avec les anges, les saints ;
demande pardon ; intercède pour tous, en particulier ceux qui passent par l’épreuve. Les
chrétiens ordonnés évêques, prêtres et diacres célèbrent chaque jour la liturgie des Heures,
c’est-à-dire le matin et le soir, le milieu du jour, avant d’aller dormir et encore un moment
plus long qui rappelle la prière durant la nuit.
5. Veux-tu conformer toute ta vie à l’exemple du Christ dont tu prendras sur l’autel le
corps et le sang pour le distribuer aux fidèles ?
Jésus fait de sa vie une offrande au Père pour le salut de toute l’humanité. Nous contemplons
cette offrande lorsque Jésus est élevé sur la Croix. En mémoire de cette offrande, Jésus nous
demande de prendre et de manger son corps ; de prendre et de boire son sang. L’eucharistie
nous conduit immédiatement au coeur de l’offrande du Christ. Le diacre, dont la vie est de
servir, manifeste ce service lorsqu’il prend le corps et le sang du Christ pour le distribuer aux
fidèles au moment de la communion eucharistique.
6. Promets-tu de vivre en communion avec moi et mes successeurs, dans le respect et
l’obéissance ?
Celui qui reçoit un ministère ecclésial n’en est pas le propriétaire. Il le reçoit ; il rend des
comptes à celui qui a la mission de veiller à ce que la mission tout entière de l’Eglise soit bien
exercée en un lieu, pour une portion de l’Eglise qui lui est confiée.
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Outre les questions posées au candidat qui va recevoir le ministère de diacre, nous pouvons
chercher dans la prière d’ordination ce qui permet de discerner en quoi consiste le ministère
diaconal.
Dieu tout-puissant,
Tu construis l’Eglise, qui est le corps du Christ, par les dons infiniment variés de ta grâce.
Tu veux que chacun de ses membres ait une fonction particulière, et que tous contribuent, par
l’Esprit Saint, à l’unité de cet ensemble admirable.
Pour la faire grandir en un temple nouveau, tu as établi des ministres de trois ordres différents,
les évêques, les prêtres et les diacres (…).
Regarde maintenant, Dieu très bon, celui à qui nous imposons les mains aujourd’hui (…).
En imitant ainsi ton Fils Jésus, venu pour servir, et non pour être servi, qu’il obtienne de
partager sa gloire dans le ciel.
Nous rendons grâce au Seigneur pour les diacres qu’il envoie pour le diocèse de Tournai.
+ Guy Harpigny,
Evêque de Tournai
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